Sport ou Solitude ? [Melii' Meloo']

Les cours avaient, à présent, commencé pour tous les élèves du Centre Carlson, au plus gram de certains comme à la joie des autres. Pour Nate, c’est une sorte de mix des deux. Autant il adorait ce qu’il faisait, les cours, autant il haïssait les horaires, les devoirs ... L’école, c’était pas vraiment son truc !

La matinée fut déprimante, ennuyeuse, fatigante, désastreuse, tout ce que vous voulez ... Debout à six heures, histoire de pouvoir se doucher avant que les garçons aient vidés toute l’eau chaude, bataille de tables à la cafétéria pour avoir une place ... S’en suivit une course acharnée vers la salle de cours pour ne pas arriver « trop » en retard, juste pour éviter de se faire coller le mercredi après-midi. Eh oui, au Centre Carlson, la vie était tout ce qu’il peut exister de plus dur ! Mais bon, on a un caractère d’espion professionnel ou on ne l’a pas ! Ces conditions rudes de vie sont, d’ailleurs, bien là pour vous le faire constater ! Quand la sonnerie de midi retentit, l’aiguille des minutes avait déjà dépassé le 30 et tous les estomacs des 3ème Années criaient famine depuis déjà une bonne heure.

- « Vous finissez la fiche pour de... »

Ca n’était même pas la peine. A peine la sonnerie entendue, les élèves ne répondaient plus de leurs actes. Au milieu d’une classe affamée, des raclements de chaises et des fermetures de cartables, le pauvre professeur ne pouvait rivaliser ... Pris d’un étrange sentiment sadique, il reprit la parole, d’une voix égale, dans le bruit pourtant tonitruant.

- « Et il y aura une interro, demain. »

Tout d’un coup, le silence s’imposa et tous les regards se retournèrent vers le professeur, le fusillant du regard. Celui-là avala discrètement sa salive et se mit à sourire, un peu inquiet malgré tout.

- « Euh ... Je rigolais. »

Un « aaah ... » de soulagement se fit entendre et le bruit recommença, les jeunes gens se désintéressant totalement du pauvre Mr Stilton. Eh oui, malgré les a prioris, pour être professeur, il faut être trèès courageux !
La journée se déroula d’une manière un peu moins amusante. La professeur de combat était de moins bonne humeur qu’à l’habitude et les cours furent un peu longs ...

A présent, il était un peu plus de dix-neuf heures. La nuit était tombée sur la ville de Portland et toutes les lumières du Centre s’étaient allumées. Nate avait toujours aimé cet instant, où l’on passait de l’obscurité à la lumière, où toute la ville s’illuminait pour entrer dans le monde de la nuit. Le jeune homme, dans sa chambre, tournait en rond, attendant que ses deux meilleurs amis, Andrew et James, finissent leurs devoirs pour pouvoir ainsi filer au gymnase comme ils avaient l’habitude de faire quasiment tous les soirs. Déjà vêtu de sa tenue de sport, à savoir un jogging noir et un tee-shirt blanc, Nate appuya sur un bouton de sa chaîne hi-fi, histoire de s’occuper un peu. En dehors de Knocking On Heaven's Door des Gun’s, le jeune homme s’attira les foudres des ses deux colocataires bizarrement studieux.

- « P** Nate !!!

- Bon ok. J’y vais toujours, vous me rejoindrez, ok ? »

Nate reçut pour simple réponse un hochement de tête des deux mecs, avant d’hausser les sourcils, las. Il quitta la chambre et marcha jusqu’au gymnase. Il en poussa la lourde porte et se retrouva dans la grande salle de sport. Il y avait déjà trois, quatre personnes présentes que Nate ne connaissait pas bien, étant surtout des premières années. Au bout d’une petite heure à lancer des paniers tout seul, Nate abandonna l’idée qu’il serait rapidement rejoint par ses meilleurs amis. Le gymnase avait été déserté, en deux temps trois mouvements ... Et Nate, quand il entendit la porte grincée, se retourna.

- « Eh ben, vous en avez mis un temps ! »

Jamais une journée ne semblait avoir passé aussi lentement. C'était un peu comme si on aurait subît des minutes de 120 secondes, des heures de 120 minutes, ... Enfin, comme si on aurait multiplié par deux le temps. Les professeurs étaient de mauvaise humeur ou bien ennuyants à mourir. Les gens semblaient tous vouloir rester tranquilles et en silence. Rien de passionnant. Mélinda avait beaucoup de mal à rester concentrée longtemps, imaginez à quel point les professeurs se faisaient un devoir de la rappeler à l'ordre en appelant son nom avec un ton sévère et plein de déception à l'égard de la brunette qui trouvait plus intéressant de compter le nombre de tuiles de céramique utilisées afin de couvrir la surface du plancher de la salle de classe.

Enfin les cours étaients terminés et, comme la plupart des soirs, elle avait plusieurs devoirs à faire. Normalement, elle s'en débarrassait tout de suite en arrivant en se mettant au travail dès son arrivée dans sa chambre, mais pas ce soir. Non, ce soir, elle était un peu fatiguée. Sans doute que la fatigue qui semblait avoir envahit toutes les personnes qu'elle avait croisé durant la journée était contagieuse. Elle s'était d'abord vêtue de son plus confortable pyjamas et elle s'était écrasée dans son lit, se disant qu'elle aurait la chance de dormir un bon douze heures, maximum, mais dès qu'elle posa la tête sur l'oreiller, cette dite fatigue partie en fumée. Elle s'obstina à rester dans son lit quelques instants de plus, avant de réaliser qu'en fait, elle n'était pas fatiguée, mais bien découragée. Limite déprimée, même. Trop de devoir, pas assez de temps libre. Et que faisait-elle maintenant, en pyjamas, prête à se mettre au lit alors qu'il n'était que dix-huit heures et demi. Elle n'avait pas soixante-sept ans, elle ne se fatiguait pas à tricotter des pulls et des pantoufles toute la journée. Il était fou de croire qu'elle aurait pu se fatiguer en ne faisant absolument rien durant toute la journée, non?

Elle enfila donc des vêtements amples, t-shirt bleu marine à l'effigie de son équipe de hockey professionnele favorite. Les Maple Leafs de Toronto, bien sûr! Elle retira son bas de pyjamas bleu et blanc pour enfiler des joggins gris et amples. Attrapant des chaussures de sport et une veste, elle demanda à Kenzie et Anna si elles étaient intéressées à venir avec elle au gymnase afin de s'amuser et faire un peu de sport, mais aucune des deux ne se sentait d'attaque. C'est donc en solitaire qu'elle quitta sa chambre pour le gymnase.

Sur le chemin, elle croisa quelques personnes avec qui elle discuta un instant, leur proposant à elles aussi de venir avec elle s'amuser au gymnase, mais elle ne reçu aucune réponse positive. Que des "Non, désolé, j'ai trop de devoirs. Mais une autre fois, ok?" Devant l'entrée du gymnase, elle croisa quelques personnes, que des garçons cette fois-ci. Ils la regardaient tous d'une drôle de manière. Un peu comme s'ils étaient tous convaincus qu'ils n'auraient qu'une bouchée d'elle sur le terrain. Mélinda se contenta de lever les yeux au ciel. Les hommes et leur égo! La plupart du temps, ils sont tellement orgeuilleux qu'ils n'osent même pas faire de passes aux filles de peur de voir qu'au fond elles sont très capables de se débrouiller et de jouer! La brunette poussa donc la porte qui grinçait avant même d'être entrée dans le gymnase, elle entendit parler. "vous en avez mis un temps"... Qui donc pouvait bien la vouvoyer. En fait, elle se doutait bien qu'on faisait erreur sur la personne. Une fois dans le gymnase, un rire échappa ses lèvres quand elle vit qu'il s'agissait de Nate. Elle le regardant, un sourcil arqué et un sourire amusé aux lèvres.

- Tu sais Nate, je sais bien que je suis plus vieille, plus intelligente et plus importante que toi, mais ne te sens pas obligé de me dire 'vous'!

Elle leva les yeux au ciel en rigolant légèrement et tout en avançant vers son ami. Mélinda se pencha afin de ramasser un ballon qui avait dû roulé jusque là. Elle se mit en position afin de faire un lancé au panier, mais elle ne lança pas le ballon, elle dirigea son regard vers Nate avec un regard intrigué avant de parler.

- Je suppose que tu attendais Andrew et James...

Elle lança par la suite le ballon qui entra directement dans le panier. Fière, Mélinda s'approcha encore plus près de Nate, les mains sur les hanches avec un petit air hautain.

{Alors, toi, c’est les tuiles de céramique du sol ? Nous, c’est les carrés des faux plafonds ... Dans la salle de devoirs de mon lycée, il y en a approximativement 956 ! ^^}

- « A vrai dire, j’avais un peu peur que ton ego le prenne mal si je te tutoyai, désolé. »

- « Tu supposes bien. Et toi, tu es venue seule, à ce que je vois ... Où sont passées Zizzie et Anna ? »

- « Alors, comme ça, tu as trouvé le courage de venir au gymnase ? J’ai bien cru que tout le monde allait mourir d’ennui et dépression, aujourd’hui ! A moins que tu ne sois venue ici pour un suicide collectif ? »

< Haha XD Je comptais toujours les tuiles de céramique dans mes cours l'an dernier, c'était amusant parce qu'il y en a de couleurs différentes xD

Sans doute que beaucoup de personne qui ont été le 'souffre douleur' durant leur passé vont rester un peu traumatisé de cette expérience. Être la personne qui n'est pas assez belle, pas assez mince, pas assez intelligente, ... Ce n'est jamais très drôle. Souvent, on dit que les blessures qui font sont celles que l'on ne voit pas. Les cicatrices qui ne sont pas physiques... Pourtant, depuis son arrivée au Carlson Center, Mélinda a réellement réussi à sortir de cet univers là. Elle recommence à avoir une bonne estime d'elle-même et elle est capable de faire rire d'elle tout en gardant le sourire aux lèvres. Il faut cependant que la blague reste acceptable. Le manque de respect, Mélinda ne trouve jamais ça drôle. Jamais... Ni rancunière, ni trop suspectible, la brunette accepta donc la blague que lui avait répondue Nate. De toute façon, c'était elle qui avait commencé, il était donc simplement normal qu'il lui réponde à son tour. Mélinda se contenta de rire de bon coeur et de lever les yeux au ciel quelques instants.

Elle croisa les bras, un grand sourire sincère aux lèvres, tout en observant Nate. C'était étonnant qu'il soit en fait le fils du directeur. Il n'a pas vraiment ... La tête de l'emploi. Quand on pense au fils du directeur, on imagine plutôt un garçon studieux, silencieux, premier de classe. Pas un beau jeune homme dans le style de Nate. Le style "le mec que toutes les filles voudraient avoir comme petit et celui que tous les autres garçons rêveraient d'être." Quand Kenzie avait dit à Mélinda qu'elle souhaitait lui présenter quelqu'un, une personne qu'elle adorait et avec qui elle risquait de bien s'entendre elle aussi, Mélinda s'était surprise à avoir quelques préjugés. Jusqu'à ce qu'elle le voit. Là, elle avait oublié l'image qu'elle s'était faite de lui. D'ailleurs, elle non plus n'était pas trop loin d'être la fille qui rêve de l'avoir comme petit ami. Ses yeux rieurs, son sourire radieux, ses petits airs, ... Disons seulement que c'est pas le type de garçon dont tu as trop peur de présenter à tes parents lors du premier rendez-vous. Tu sais d'avance qu'il saura les charmer. Nate vint la sortir de ses pensées quand il lui adressa la parole, confirmant sa supposition.

- Non, elles avaient des devoirs. Cependant, je sais, qu'au fond, elles avaient seulement peur que je les ridiculise en les battant à plat de couture!

Mélinda observa Nate pendant que ce dernier tira le ballon au panier. Évidemment, le ballon entra directement dans l'anneau que formait le panier. La brunette arqua à nouveau un sourcil, un sourire en coin, en prenant un air défiant. S'il voulait jouer à ça, la bataille était donc officiellement commencée! Puis, quand il se tourna vers elle en lui souriant, Mélinda ne put retenir son petit air plus longtemps et un grand sourire se traça sur ses lèvres laissant ainsi paraître ses dents d'un blanc immaculé. Après la question de Nate, elle rit un moment avant de se concentrer afin de reprendre son sérieux. Elle prit une mine surprise et regarda autour d'eux avec un air inquiet.

- En fait, si, mais maintenant que t'en parles... Je viens de remarquer qu'on est seuls. Où sont les autres? Ne me dit pas que j'arrive trop tard?

Mine de rien, Mélinda se dirigea rapidement vers Nate afin de lui voler le ballon qu'il venait de ramasser au sol. N'ayant pas été assez subtile et rapide pour les réflexes du jeune homme, Mélinda ne put le lui dérober, mais elle ne s'avouait pas vaincue de si tôt. La Brunette posa à nouveau ses mains sur ses hanches, un énorme sourire aux lèvres, mais un petit air espiègle dans le regard.

- Tu sais, pour rendre les choses plus 'thrillantes', on devrait parier un truc... À moins que t'aies trop peur de perdre, ce que je comprendrais totalement vu mon immense talent!

- « Alors ça, je n’en doute pas ! »

- « Rassures-toi ... Je t’ai quand même attendu ! J’me disais bien aussi qu’il manquait quelqu’un ! »

- « Je ne m’inquiètes pas. Si je gagne ... Disons, un baiser ? »

- « Si tu gagnes ... Hum ... Non, ça paraît trop surréaliste ! Disons que j'exaucerais chacun de tes voeux les uns après les autres, à moins que tu n'ai une envie bien précise ? »

Mélinda ne put retenir un petit rire d'échapper de ses lèvres rosées. La façon dont Nate s'était retourné avant de faire son tir au panier était adorable. C'est alors qu'elle comprit qu'elle l'avait peut-être gêné en l'observant de la sorte. Une teinte rosée parvint à ses joues. Elle réussit à la controler, profitant du fait que Nate soit maintenant dos à elle. Le ballon entra directement dans le panier. Un petit sourire vint se tracer sur ses lèvres, elle savait qu'elle aurait bien du plaisir avec Nate. Elle venait à peine d'arriver et la brunette avait déjà oublié les nombreux devoirs qu'elle avait à faire. Aux dernières nouvelles, ils avaient été ensevelis par une dizaine de vêtements. Mélinda avait eu peine à mettre la main sur ses pantalons de sport. Qui a dit que les femmes étaient plus ordonnées que les hommes? Pour ce qui était des trois occupantes de la chambre 400, elles n'étaient ordonnées qu'en apparence. Dès que l'on regardait un peu plus loin que le bout de son nez, dans les tiroirs ou sous les lits, on trouvait toutes sortes de vêtements propres ou non.

Mélinda sentit son sourire s'élargir suite au clin d'oeil que lui avait fait Nate. Bien qu'elle se donnait quelques airs, elle n'était pas si sûre d'elle. Elle n'avait pas joué au basket depuis un moment déjà et ce n'était pas le sport dans lequelle elle excellait le plus. Elle devrait donc fournir un réel effort afin de battre Nate qui était plus qu'un adversaire de taille. On était loin des matchs entre filles où la plupart des jeunes femmes étaient effrayées de se casser un ongle ou, la pire des abominations de ce monde, de suer! D'ailleurs, elle comptait bien gagner ce petit match amical. Puis, quand le jeune homme l'informa qu'il l'avait attendue afin qu'elle n'ait pas à se suicider en solitaire, Mélinda déposa un main sur sa poitrine, du côté gauche, sur le coeur. Puis, elle imita la mimique préférée de Josh; la face de chien battu. Elle fit donc l'expression de reconnaissance la plus sincère qui soit dans son répertoire.

- Ça me touche tellement que tu aies pensé à m'attendre, Nate! Alors, on fait ça comment? On pourrait faire nos devoirs ensemble et mourir d'ennui ou bien on pourrait faire comme les grandes stars et faire une overdose...! Je pourrais toujours te raconter des blagues jusqu'à ce que tu meures de rire!

Avec un doigt sur son menton, Mélinda avair l'air de chercher d'autres 'bonnes' idées comme celles qu'elle avait déjà mentionnées. Après avoir tenté de subtiliser le balon, Mélinda se contenta d'observer Nate qui continuait de dribbler jusqu'à ce que Mélinda propose d'ajouter des petits défis. D'ailleurs l'idée semblait intéresser Nate, car le jeune homme ne perdit pas une seconde à proposer une idée des plus ... intéressantes à Mélinda! L'air désintéressé qu'il s'était donné, en plus de son haussement d'épaule, avait forcé Mélinda à rire tout en arquant un sourcil. La brunette ne broncha pas. Elle plongeait son regard dans celui de Nate de la même façon dont celui-ci plongeait le sien dans les yeux noisettes de la jeune femme. Mélinda, sans baisser les yeux, attrapa le ballon que lui avait passé Nate. La brunette le fit rebondir sur le sol, à son tour, jusqu'à ce que Nate continue ses propositions. Là, amusée et intriguée, Mélinda cessa de jouer avec le ballon. Tout en riant un peu, elle ajouta, une lueur de malice et de plaisir dans les yeux, ...

- Donc, si je comprend bien, peu importe les résultats, j'en ressors gagnante? Embrasser le fils du directeur c'est pas si mal que ça comme prix de consolation! Ça me va, mais prépare toi à devenir mon humble serviteur, Mr. Carlson. Tu verras que je peux me montrer très exigeante!

Mélinda, un peu trop sûre d'elle? Pas du tout, voyons! Ce fut au tour de Miss. Turner de lui faire un petit clin d'oeil avant de tirer au panier. Le ballon toucha d'abord l'anneau métallique avant de tourner sur le rebord de celui-ci. La jeune femme lança un regard à Nate, un peu inquiète et amusée à la fois. Les grands athlètes disaient toujours que la clé du succès était en fait la visualisation. Si c'était le cas, le ballon allait rentrer dans le panier et il en ferait de même chaque fois qu'elle ferait des tirs au panier. Pourtant, le ballon, tournant de moins en moins vite sur le rebord de l'anneau, sortit de sa trajectoire et rebondit au sol. Mélinda avait toujours dit que ces histoires de visualisation c'était bidon et que c'était le talent et, parfois, un peu de chance qui déterminait les vainqueurs. Si Nate marquait, il aurait un point d'avance. Elle haussa les épaules en regardant Nate, un sourire aux lèvres. Mélinda restait une bonne 'perdante'. De toute façon, rien n'était encore décidé à ce stade.

- Tu vois, je te laisse même des chances, Carlson!